"Dès que j'ai senti la boule, j'ai su que c'était pas bon"...Malgré son pressentiment, il aura fallu 7 mois à Claire pour être prise au sérieux et passer une mammographie. 7 mois de perdus dans la lutte contre la maladie. Aujourd'hui elle souhaite sensibiliser les femmes jeunes sur le cancer du sein
Au téléphone c'est une jeune femme à la voix posée qui s'exprime. Et pourtant, en un an sa vie a été totalement chamboulée par la maladie.
C'est un kyste au sein qui la pousse un jour de novembre 2017 à se rendre chez son médecin traitant. Un homme proche de la retraite qui la suit depuis la plus tendre enfance.
Claire ressort rassurée du cabinet. Un kyste, rien de plus banal. Et puis il a précisé qu'elle pouvait le faire retirer si ça la gênait pour des raisons esthétiques.Vu votre âge, ça ne peut être qu'un kyste.
Mais le temps passe et le kyste est toujours là. Il est toujours là et il grossit. Le médecin avait évoqué un kyste fonctionnel. Rien d'anormal à ce qu'il grossisse. Sauf qu'il devient dur... comme de la pierre. Quand le sein de Claire commence à changer de forme au mois de Juin, dans sa tête son pressentiment se transforme en alerte. Retour chez le médecin. Palpation. RAS, rien de particulier. "Mais vous pouvez faire une échographie si vous voulez être rassurée".
Quand Claire se rend à son examen, c'est donc pour avoir l'esprit tranquille. D'ailleurs, elle s'y rend seule, sans son compagnon ni sa mère. Et c'est seule qu'elle doit affronter la suite. "J'ai compris quand j'ai vu la radiologue changer de tête". L'examen ne laisse guère planer le doute. La mammographie est faite dans la foulée. C'était il y a 3 mois et Claire se souvient de cette journée passée à pleurer dans la salle de mammographie, de la délicatesse de la radiologue qui lui épargne la salle d'attente. D'ailleurs, quand elle revient avec le résultat, elle se jette dans ses bras "Je suis désolée, 90% de risques que ce soit cancéreux"....
À 25 ans, elle avait passé ces derniers mois à être rassurée par l'entourage, la famille. "25 ans, c'est trop jeune pour avoir un cancer du sein". Claire n'y pensait pas. Peut être que ça lui tomberait dessus à 50 ans. On le sait 1 femme sur 8 y est confrontée. Mais pas à 25 ans. Pourtant, la biopsie permet de poser le diagnostic au bout de 7 mois d'errements. Tumeur agressive, de grade 3 hormono-dépendante.
Une prise en charge trop tardive ?
Depuis l'été dernier, elle fait les allers-retours entre Chartres et Paris pour être soignée à l'Institut Curie. A t'elle perdu du temps pour cette prise en charge? Elle décide de poser la question à son médecin traitant. Avait il des doutes quand il l'a vue la première fois, et la deuxième... Elle est surprise lorsqu'il reconnaît en avoir eu lors de la dernière consultation.Après 4 chimiothérapies, elle doit encore se rendre chaque semaine à l'Institut Curie pour son traitement jusqu'en décembre. Ces chimiothérapies doivent permettre de réduire la tumeur et éviter l'ablation du sein. Elle lui sera retirée à la fin de l'année.
L'après ? À l'Institut Curie il est difficile d'en parler. Elle sait qu'elle doit encore suivre un long parcours de soin fait de radiothérapie et d'hormonothérapie pendant plusieurs années. Aurait-elle été prise en charge différemment si le cancer était suspecté dès le départ malgré son jeune âge? Claire se le demande parfois.
C'est aussi la raison pour laquelle elle a décidé d'interpeller les femmes jeunes sur Facebook. Elle a même créé un compte Instagram pour en parler. Depuis l'annonce de sa maladie, elle a rencontré d'autres femmes touchées par la maladie avant 30 ans. Beaucoup lui disent avoir été malmenées car leurs craintes n'étaient pas prises au sérieux. Son message "Que les jeunes femmes exigent de faire tout de suite une mammographie"
Avant, on se dit on se dit qu'on a toute la vie devant soi. Maintenant je veux tout faire tout de suite. Je suis plus capable de me dire que je vais vivre jusqu'à 40 ans. Si je dois partir plus vite que les autres je veux me dire que j'aurais réalisé mes rêves.
Son rêve le plus cher: avoir un enfant